Des amalgames et des mensonges
Certain.e.s confondent Tantra et pratiques ayant pour objectif de prendre davantage de plaisir.
D’ailleurs certain.e.s vont en stage Tantra uniquement dans le but de rencontrer un.e/des partenaire.s sensuel.le.s/sexuel.le.s… voire de profiter de l’ouverture corps-cœur-esprit (naturelle avec l’élévation du niveau de conscience et du taux vibratoire) pour vivre sur place des expériences sensuelles voire sexuelles auxquelles iels n’auraient pas accès normalement.
Tout comme certain.e.s cherchent un « massage tantrique » dans l’objectif de débloquer leur sexualité voire d’avoir du plaisir/un orgasme/une extase sur le moment.
Or, dire « Tantra » pour parler de ce genre de prestations/recherches, c’est un déni ou un mensonge :
en vrai, ce serait plutôt le job des clubs de libertinage et celui des travailleur.se.s du sexe.
Bref ! c’est bien mignon tout ça… ou pas (ça aurait plutôt tendance à me dégoûter en fait)… mais ça n’a rien à voir avec la profondeur du Tantra.
En fait, c’est ok de venir au Tantra en quête de plaisir ! (d’autant qu’il est très probable qu’il y en ait… et bien plus encore !) La quête de bonheur, la curiosité, le désir de rencontrer un.e partenaire, etc… sont autant de moteurs qui peuvent mener au Tantra. D’ailleurs c’est ainsi que j’y suis venue moi-même. Et une fois qu’on y est (en stage Tantra), il est probable que vienne la conscience que le Tantra peut apporter bien plus… et bien moins aussi si on n’est pas prêt.e à emprunter vraiment le chemin, à s’engager pour son propre déploiement.
Ce qui n’est pas ok, c’est que l’animation Tantra ou le massage Tantra se limitent à vouloir faire plaisir : dans ce cas, c’est simplement un mensonge.
C’est quoi le Tantra ?
L’essence du Tantra n’est ni l’hédonisme (philosophie/doctrine qui prend pour principe de la morale la recherche du plaisir et l’évitement de la souffrance) ni l’eudémonisme (doctrine morale selon laquelle le but de l’action est le bonheur).
Le Tantra est avant tout un art de vivre ancré dans la spiritualité. Une voie/voix qui parle de non-dualité, qui invite à sentir et nourrir le lien à l’Un.ité, au Tout, à Plus Grand, au Divin, à la Déesse, au Sacré…
« 24h sur 24, essaie de te souvenir des moments de ta vie qui ont été magiques et sacrés. »
Pourquoi Osho donne-t-il ce conseil ?
Parce que justement le plaisir est vibratoirement fondamental : énergisant et créateur de merveilles !
Un mental au service de l’Être œuvre à soutenir l’accès et le maintien de hautes fréquences. Le lien naturel au plaisir est nécessaire : à quoi bon vivre sans plaisir ? Seul un esprit gravement perturbé peut souhaiter cela.
Se souvenir des bons moments nous fait vibrer haut et crée du bon en nous et autour de nous. (Bien sûr, que « se souvenir » ne soit pas en mode nostalgie, mais dans la présent : en mode joie, gratitude, émerveillement, bonheur renouvelé dans l’instant… et à partager au monde.)
Et le plaisir dans le Tantra ?
Certes les plaisirs humains peuvent avoir leur bonne place sur la voie du Tantra.
Contrairement au discours de certaines religions/certain.e.s religieux.ses, le Tantra ne diabolise pas le plaisir. Au contraire, le plaisir est accueilli et perçu comme une intéressante source d’énergie vitale… pour pouvoir évoluer justement, s’élever et sortir de l’emprise des vieux schémas et autres freins à la complétude.
Or, complétude et béatitude sont aussi liées.
Également le plaisir est lié à la détente… et il n’y a pas d’évolution profonde sous pression, pas d’accès à l’Éternité sous cortisol, avec un système nerveux dérégulé : tout est lié.
En effet, le plaisir n’est certainement pas la quête ultime… mais l’art de vivre le Tantra peut être pavé de divers plaisirs. D’ailleurs la relation que l’on a au plaisir donne d’importantes informations sur la relation que l’on a à la vie elle-même.
Le plaisir ressenti fournit des messages importants dans l’instant, des informations auxquelles on ne s’attache pas, éventuellement des pistes à explorer avec Conscience si l’intuition y mène…
Clairement, le chemin du Tantra ne se résume certainement pas à une succession de plaisirs et déplaisirs éventuels.
Quoiqu’il en soit, le Tantra est censé se vivre dans le non-jugement, donc dans l’accueil de ce qui est… et ce qui est c’est au-delà des notions de plaisir ou de déplaisir… qui sont déjà des traductions par le mental.
En pratiquant le Tantra, on plonge au cœur de la sensation ; on l’accepte avec ouverture (éventuellement émerveillement et gratitude), sans définir si c’est bon ou mauvais, bien ou mal, à vivre ou à éviter… On respire avec ce qui est, ce qui se manifeste, simplement en présence à l’infiniment petit en relation avec l’infiniment grand…
Être tantrika, c’est faire ses choix en conscience, dans le sens de l’évolution, de la libération (et par conséquent pas dans l’attachement ni dans la création forcée de ce qui n’est pas dans le flux naturel de la Vie, du Vivant).
Le Tantra est une voie de libération, y compris par rapport au plaisir : l’autorisation au plaisir me semble un fondamental.
Et lorsqu’on s’autorise le plaisir, il est à bien des endroits… voire tout le temps et partout en fait !
Autorisation (ouverture, respiration) ne signifie pas addiction (fermeture, contrainte).
Le rôle de l’animation en stage Tantra
Théoriquement, les animateurs.trices Tantra n’ont pas pour objectif de faire plaisir aux personnes. Mais iels font de leur mieux pour que chacun.e se dépose, s’ouvre à la sensibilité/écoute, à sa vulnérabilité, à sa puissance, à sa souveraineté… Que chacun.e trouve sa bonne place dans le groupe, puisse respirer, danser la vie en conscience, avec ouverture corps-cœur-esprit…
Par contre, les animateurs.trices Tantra ont à :
- déblayer leur intérieur et devant leur porte : utiliser elleux-mêmes les techniques du Tantra et d’autres pour se libérer et créer de beaux espaces-temps d’un bon niveau vibratoire (où viennent des êtres en cohérence avec la proposition)
- établir un cadre bienveillant et respectueux, clair et sécure (et que chacun.e s’y engage ; à mon avis ce devrait être pour l’ensemble du stage y compris pendant les pauses/soirées/nuits)… et le tenir si besoin (rappel voire exclusion)
- faire de leur mieux pour que les participant.e.s se re.rencontrent dans l’esprit du Tantra : se rencontrent eux-mêmes y compris leurs blessures/limites du moment et leurs potentiels, aussi par l’intermédiaire d’autres personnes en chemin
Le plaisir pour moi
Pour moi, le plaisir vrai, profond, celui de l’être nourri et épanoui, qui se prolonge dans le temps et peut se renouveler sans cesse… est lié au sentiment de connexion, à la joie de Vivre l’instant, à la présence… et ce n’est pas forcément avec un.e/des humain.e.s.
Le plaisir est une conséquence naturelle de l’ouverture du corps, du cœur, de l’esprit, de la reliance à Plus Grand (en Soi, en chaque autre, au-delà de l’espace et du temps…)
Quant aux plaisirs des sens/sensations, ils font partie de ma vie à tout moment : je cultive à présence à l’instant… et cela passe tout d’abord par la conscience de la respiration et de ce qui se vit dans le corps. C’est de préférence depuis cet espace du présent que j’interroge mes mondes émotionnel et mental.
Et oui tout cela est plaisant car ancré dans la Vie et son mouvement/flux.
Je dirais même que la Joie est toujours là, même si parfois c’est moins évident. Mais si je reviens à mon souffle, je retrouve vite accès à mon corps-cœur-âme ainsi qu’au simple et profond plaisir d’être.
La quête de plaisirs compensatoires est liée au manque de ce sens de l’Unité, de l’Union au Tout… Elle ne fait que perdre les êtres dans la compulsion, l’addiction, le consumérisme, l’agitation…
Et c’est ok que cela existe… mais c’est loin de la voie du Tantra car cela n’honore pas la Vie dans sa grandeur.
Encore des précisions…
Mon pseudo sur Facebook, c’est « Nelly Germain Shakti Plaisir » depuis que j’ai commencé à avancer sur la voie du Tantra, il y a 13 ans. C’est dire que la valeur plaisir a du sens pour moi. J’ai hésité néanmoins à changer cette dénomination il y a 2-3 ans (justement parce que certain.e.s « tantrikas » m’avaient fait la remarque que ça ne faisait pas sérieux… et j’ai vu ces parts de moi insécures… Je l’ai ai accueillies et j’en ai pris soin). Et puis quand j’ai posé la question de l’opportunité d’enlever le terme « plaisir » à mon pseudo, celleux qui me connaissent m’en ont dissuadé : « C’est tout toi ! », qu’iels m’ont dit. Et c’est ok !
A quoi bon vivre si l’on n’est pas guidé.e aussi par le plaisir ? Par le plaisir c’est aussi mon âme, mon CorpsEsprit (BodyMind comme disait Osho) qui se manifeste. Merci.
Quant à la formation en ligne « Vivre le Tantra », elle est créée en 3 chapitres : Désir, Plaisir, Satisfaction. Car oui il m’apparaît douloureux et insensé de vivre sans accès (ou avec peu d’accès) à ces 3 valeurs (dans le sens où elles donnent sa saveur à la Vie). Ce sont aussi des façons merveilleuses d’honorer le Divin, d’offrir de l’Énergie au monde…
Bienvenue en orgasmie si tel est ton désir !
Car oui Vivre pleinement c’est aussi en s’offrant (à) l’opportunité de jouir pleinement des sens !
Voilà ce que je voulais dire à ce sujet sulfureux !
Et toi, quel lien fais-tu entre Tantra et plaisir ?
Au plaisir !
Namasté
Nelly