C’est aujourd’hui le sujet de l’attention qui retient la mienne.
En effet, j’ai tendance à croire que le plus beau cadeau que je peux recevoir et faire, c’est la présence réelle, la vigilance, liée à l’attention portée à ce qui se passe dans l’instant, dans la relation (à soi, à l’autre, aux autres).
Et pourtant… le “secret” d’une attention de qualité, ne serait-il pas la détente, le contraire de la tension donc ? Non la distraction ou l’inattention, mais bien la gestion des tensions pour aller vers la présence à tous les niveaux. Car qui dit tension dit difficulté, empêchement, voire blocage dans la circulation énergétique… et donc rapidement perte de la qualité de l’attention.
Dans notre culture, “être attentionnée” suggère d’être au service de l’autre, à ses petits soins, et souvent oublieux de soi à cette occasion. Notre Tantra pose clairement qu’il est impossible d’être vraiment avec l’autre sans lui mettre de pression si l’on est dans l’oubli de soi (car dans ce cas il y a déséquilibre dans la relation, ou relation faussée, et donc manques et souffrances).
J’associe la qualité d’attention au zanshin japonais (“esprit qui demeure”) : la vigilance, aussi dans le prolongement de l’action, aussi prolongée par l’action, aussi pendant l’action…
Et si étymologiquement, le mot attention vient du latin “attentio” signifiant “tension de l’esprit vers quelque chose”, cette proposition n’était peut-être pas à la base, au temps de grands philosophes, ce qui est parfois suggéré aujourd’hui et racine de nombreux stress. En effet, “tendre vers” parle plutôt d’un désir, d’une attitude positive et ouverte, d’un positionnement de chercheur de vérité… et non d’une tension (musculaire, corporelle, émotionnelle, psychique).
Si bien que l’attention telle que je la propose, telle que je la demande aussi aux participant.e.s lors des stages, est exempte de tension : elle est soutenue par le travail d’observation (rappel de soi), lui-même appelant naturellement une position de détente et une respiration qui se pose, entraînant donc une circulation fluide à tous les niveaux (souffle, sensations, émotions, pensées, intuitions).
Et je propose une nouvelle façon de construire ce terme d'”attention” : du préfixe “a” (sans, manquant de) et “tension”, parce que oui c’est sans tension, dans la simple (et la plus complète possible) présence qu’apparaît l’instant d’attention profonde et légère (début de conscience) liée à la présence aux 3 centres de l’humain (corps, cœur, esprit).
Ce n’est qu’en étant capable d’attention à soi-même que l’humain peut être capable d’attention à l’autre et aux autres. Il est illusoire de croire possible de s’oublier en étant en relation vraie : il s’agit alors forcément d’une relation névrotique.
Car l’attention est une présence, une observation, une connexion à l’instant, un enrichissement commun, un émerveillement permanent… et c’est la personne elle-même qui est au centre de sa propre attention : s’il n’y a pas un individu tangible, avec des bases, en construction (on n’a jamais fini !), un minimum axé, avec des contours et des limites précis… il n’y a pas d’attention… et donc pas d’échanges nourrissants. C’est ainsi aussi que les distances artificielles entre les êtres fondent : quand chacun.e fait sa part pour lui.elle-même, et considère l’autre, chaque autre, comme un partenaire dans cette vie, ce bout de vie, voire comme une part de lui/d’elle-même.
Et pourtant, en fonction de la personnalité, certain.e.s auront besoin de passer par des phases de tension pour aller vers l’attention (re.trouver de l’intérêt, de la curiosité, du désir, de l’en-vie, de l’allant, de la connexion au corps, aux émotions…), tandis que d’autres auront besoin de lâcher, lâcher, lâcher (bien des lourdeurs accumulées et encore présentes).
L’attention est en fait aussi une voie du milieu.
Certains suggèrent même qu’il s’agit du seul job de l’Humain, afin d’être réellement à la hauteur de sa mission divine sur Terre : faire le vide du tourbillonnement du mental-menteur ou de la psyché dé.passée, pour re.devenir “simplement” canal des propositions/demandes de l’univers et à sa place véritable de pièce sur l’échiquier des puissances du cosmos.
Bel été dans la détente !
Namasté
Nelly