Le massage tantrique, c’est quoi ?
Une forme de méditation. Donc sans intention. Présence, dans l’ici et maintenant.
Un retour à soi (sensations, émotions, sentiments, pensées), au concret, par le toucher.
De là, peuvent s’inviter une expérience personnelle unique, parfois même transpersonnelle voire tellurique, cosmique ou cosmo-tellurique. Souvent il y a aussi prise de conscience ou expansion de conscience.
Tout y est nourri : le corps, le cœur, l’âme, l’esprit, l’ego, l’être, la relation (à soi, à l’autre…) et plus encore. Le mental s’y dépose avec délice, enfin sécurisé.
Dans le Tantra, pas de place pour l’ennui ni la déception. Sinon c’est qu’on n’y est pas.
L’ennui ? Il y a tant à visiter à tellement de niveaux différents ! Et les informations de tous temps sont accessibles en tout lieu.
La déception ? Le propre d’une méditation c’est d’être sans attente, sans projection, sans attachement… en ouverture à ce qui se présente réellement… donc s’il y a déception c’est qu’on n’est pas dans la présence.
C’est simple, mais pas toujours facile !
Le Tantra, et donc par extension le massage tantrique, ont une valeur de soin, même si ce n’est pas leur objectif. Souvent, quand c’est le bon moment, adviennent des guérisons personnelles et donc aussi relationnelles.
Et concrètement, c’est comment un massage tantrique ?
Deux ingrédients indispensables : présence et lenteur. Et donc observation de la respiration ainsi que confort dans la position.
C’est avec un cadre clair et précis, qui convient à chacun.e. Des réajustements si besoin. Sans débordement ni glissement vers autre chose (ce n’est pas un préliminaire).
Avec un début et une fin, une durée prévue.
Ensuite, un temps d’intégration puis et un espace d’écoute de la personne massée (à cadrer aussi : il ne s’agit pas de retourner se percher dans la tête).
Si c’est ok, le massage peut être sur le corps entier nu, à l’huile, en incluant naturellement la zone génitale.
C’est dans le consentement total, autant pour la personne massée que pour la personne qui masse : sans (se) contraindre, sans vouloir s’adapter au désir de l’autre. Rien à voir avec une prestation sexuelle, même si le plaisir est autorisé.
Pas de protocole à appliquer nécessairement à tout le monde : c’est avec des méthodes et compétences oui, mais avant tout depuis l’intuition et le cœur.
Un massage tantrique ne se fait pas : il se vit, autant du côté de la personne massée que de la personne qui masse.
Pas de massage tantrique sans une grande implication des êtres en présence.
Que ce soit en nudité ou pas, sur table ou sur matelas/futon, en imbrication physique ou pas, c’est à cœur ouvert, dans l’intimité des êtres découverts.
Un mensonge en massage tantrique :
J’ai souvent entendu : « Vous pratiquez la libération ? »
Ce à quoi je répondais (je ne masse plus qu’en famille ou entre ami.e.s) : « Vous voulez parler de la masturbation de fin de massage pour vous faire éjaculer… et donc au final vous faire baisser en énergie mais que vous soyez content ? Ceci n’a rien à voir avec la libération en Tantra : on vous a menti. Votre désir, c’est une prestation sexuelle (auquel cas mieux vaut ne pas se mentir et aller voir une travailleuse du sexe) ou réellement de recevoir un massage tantrique ? »
Et bien souvent, les hommes ne demandent qu’à être initiés au Tantra ; c’est juste qu’ils ne savent pas que cela existe.
D’ailleurs, nombreux aussi sont ceux qui veulent s’assurer que c’est vraiment un massage tantrique qui est proposé et non un massage quelconque suivi d’une branlette.
Merci pour la sincérité, l’honnêteté, le désir de vivre du bon.
En Tantra, le massage sert à quoi ?
C’est particulièrement utile voire nécessaire pour les fous d’occidentaux que nous sommes, sans cesse happés par le mental (pensées, idées, projections, projets…), à refouler nos vrais besoins, nos émotions, nos intuitions…
Il permet de revenir à l’ici et maintenant, à la réalité, au concret, à la matière, au corps, à la terre !
Le toucher tantrique ramène à la présence, à la conscience de ce que l’on est et de ce à quoi on aspire, à la vérité des sensations, à l’intelligence du corps. Egalement il induit des libérations émotionnelles et psychiques, et la connexion à Plus Grand, au Divin, à la Déesse, à la Source, à la Vie pleinement vécue…
Donc le toucher tantrique permet de rentrer en soi, de se centrer. Il peut faire voyager oui, mais à la fin, la personne qui masse ne laisse pas son/sa massé.e dispersé.e.
D’autre part, un massage tantrique peut servir à l’intégration d’informations perçues, comprises, mais pas encore r.entrées dans les cellules, incarnées et donc utilisables.
(C’est d’ailleurs ce qui manque à de nombreuses voies spirituelles : souvent elles reposent sur des pratiques mentales, des équilibres illusoires dus au contexte, des explications, sur de la discipline, du labeur, des supports à acheter ou à fabriquer, des croyances en fait… plutôt que sur le taux vibratoire des êtres en expansion de conscience. Cela équivaut à un traitement symptomatique, voire à rejeter, nier, cacher les symptômes… plutôt que d’accueillir et accepter la proposition de la Vie, d’aller s’y connecter, écouter et traverser, transcender, transmuter, puis grandir enrichi de cette expérience viscérale.)
Dans le massage tantrique, on va au-delà de la notion de donner ou de recevoir : on touche à la valeur de l’offrande.
En effet, on sort du clivage entre masseur.se donneur.se et massé.e recevant. Car en fait les 2 (ou plus nombreux) partenaires proposent et reçoivent, si bien que théoriquement il n’y aurait pas de perte d’énergie, de transfert tel que l’un.e en sortirait lessivé. Au contraire, les énergies de l’un.e et celles de l’autre se mélangent ; s’équilibrent, s’entre-harmonisent, étant soutenues dans ce processus par la connexion à la Terre et au Ciel, ainsi qu’à éventuellement d’autres entités en fonction de ce qui s’y invite (et qui parle peut-être davantage de l’inconscient des individus en présence que de réelles vies antérieures ou autres visions de l’esprit : en cela, à chacun.e ses perceptions et ses façons de comprendre ce qu’ielle reçoit/émet).
La personne massée se dé.pose dans ses appuis et s’offre à recevoir. Elle offre sa présence, son attention, sa confiance…
La personne qui masse se pose dans ses appuis au sol et s’offre à recevoir. Elle offre sa présence, son attention, sa confiance…
La seule différence, c’est au niveau des positions physiques et de l’action.
Et si l’on observe d’après les archétypes Féminin-Masculin, Yin-Yang, Shakti-Shiva, Energie-Conscience… on peut constater que les masseur.se et massé.e s’équilibrent :
* la personne massée plutôt en réceptivité, avec suffisamment de vigilance pour assurer la présence (pas de dissociation) et la sécurité (se confier oui, se déserter non, ok pour s’abandonner à l’expérience tout en gardant le sens de sa propre souveraineté) ;
* la personne qui masse est très à l’écoute (intérieure, de l’autre, des flux entre les deux), dans l’action lente, la conscience de ses mouvements et de ce qui l’anime ; elle garde le cadre et fait confiance à son/sa massé.e pour prendre soin de son monde intérieur.
L’équilibre est en chacun.e et également dans le binôme, aussi au travers de flux qui passent de l’un.e à l’autre et se partagent alentour et s’invitent dans la danse.
Cette notion de danse est d’ailleurs nécessaire au massage tantrique, qui est un prolongement de la danse de Shiva ou Tandava. La fluidité, la souplesse, en font partie.
On peut même imaginer/envisager un massage tantrique où les 2 (ou plus) partenaires seraient masseur.se.s et massé.e.s simultanément ou chacun.e son tour au cours d’un même massage.
Mais pour qu’il y ait vraiment l’esprit du Tantra, que ce soit véritablement une forme de méditation, il serait nécessaire que les partenaires soient et dans le désir de vivre cette expérience dans le corps-coeur-esprit et suffisamment avancé.e.s sur la voie du Tantra pour que ça ne tourne pas à autre chose : un simple body-body, un frotti-frotta, un acte sensuel voire un acte sexuel.
Pas évident de rester axé.e dans ces conditions, ni de percevoir les moments où ça vrille, ni de poser son non sans justification, sans invalidation, sans réactiver une blessure, un masque, un protecteur…
En conclusion
Je dirais que c’est déjà sympa, chouette, important, soutenant… de se masser, et de masser un.e autre, et d’être massé.e par un.e autre, ou de faire cela à plusieurs, dans le plein consentement et avec plaisir.
De là à ce que ce soit un massage tantrique, c’est à un autre niveau que cela se passe.
D’ailleurs, pour ma part, je trouve improbable de pratiquer et a fortiori de vendre plus de deux massages tantriques par jour : c’est tellement impliquant, remuant, vibrant, engageant… et lorsque le/la massé.e part, le processus continue en chacun.e. Ce qui a été partagé continue d’oeuvrer dans les corps subtils.
Et d’ailleurs, un.e massé.e qui demanderait à recevoir un nouveau massage dans l’immédiat (en général, on continue à sentir les effets pendant quelques jours), serait dans un acte de consommation, comme un puits sans fond qui resterait vide parce qu’il y aurait d’abord à réparer ou construire ou simplement mettre en lumière qu’il y a un fond en fait. Et donc ielle n’aurait pas vraiment reçu un massage tantrique, car il est nécessaire que masseur.se et massé.e soient tou.te.s deux au niveau du Tantra pour que la magie s’opère.
Le Tantra ne se force pas : il s’invite… ou pas moments, ou pas du tout si les psychés sont trop encombrées, ou qu’aucune méthode n’est acquise.
Un rappel, une traduction de Tantra, c’est justement « méthode », car il s’agit de façons d’accéder à l’être, à l’Un.
Namasté
Nelly