Ici je vous confie mes définitions à propos des termes utilisés dans la sphère du plaisir. D’autres définitions existent et sont valables aussi : à chacun.e ses références et ses façons de nommer, avec ce qui l’inspire, selon son éducation et ses apprentissages.

D’ailleurs, mes définitions ne sont pas celles du dictionnaire (par exemple, « orgasme : point culminant du plaisir sexuel ») et sont empreintes de ma construction en tant que femme et de l’enseignement de Slow Sex Love Life (Emmanuelle Duchesne).

Pour moi, le plaisir c’est une certaine traduction de mes sensations.

La base, le socle sensoriel, c’est le corps physique. Et même si le message émerge de mon corps émotionnel ou spirituel par exemple, c’est au travers de mon corps physique que je le sentirai.

A propos de la dissociation

Il y a donc pas ou peu de plaisir en cas de dissociation, c’est-à-dire lorsque je vis à côté de mon corps (ce qui arrive souvent en cas de trauma, de réaction de rejet ou de déni, pour me protéger d’une blessure activée…)

D’où vient la dissociation ?
Il s’agit d’une réaction de protection… mais qui peut vite devenir encombrante voire envahissante.
C’est le système nerveux qui se met en sécurité. En effet, la théorie polyvagale explique que le figement ou la dissociation, c’est le fonctionnement le plus archaïque, relié au cerveau reptilien. Cela ne se décide pas : cela se fait naturellement. « Le prédateur m’a attrapé, je vais mourir, alors je m’évite de souffrir par la dissociation. » C’est donc une réaction à un stress intense, à quelque chose perçu parle système nerveux comme un grand danger immédiat (même si ce n’est pas réellement le cas). Et si ce n’est pas traité, la dissociation peut rester en partie, comme une « solution de confort », une habitude inopportune que l’on croit normale.
Et l’accès au plaisir est aussi dans les gènes et dans l’éducation : il y a des familles pour lesquelles c’est plus naturel et facile, alors que d’autres accumulent les interdits intériorisés et/ou imposés… ce qui d’ailleurs crée parfois des comportements déviants, pour tenter de trouver du plaisir néanmoins.
Chez les personnes plus ou moins dissociées, l’accès aux sensations est délicat, alors le plaisir l’est en général encore plus, d’où parfois anorgasmie (pas de plaisir du tout).

La dissociation est-elle consciente ?
La dissociation n’est pas issue d’une décision consciente (alors que ce serait bien pratique chez le dentiste ou pour une opération ou en cas de bobo, n’est-ce pas ?)
Et la plupart du temps, les personnes dissociées ne s’en rendent pas compte… puisque justement elles ne sont pas en état d’observer ce qui se passe pour elles. Néanmoins, il arrive qu’une personne habituellement sensible et particulièrement consciente puisse s’en faire la remarque, si elle est équipée pour diagnostiquer cela.
La grande majorité des personnes plus ou moins dissociées ne s’en rendent absolument pas compte : elles sont habituellement dans un fonctionnement inconscient de survie.

D’où vient la dissociation ?
Par exemple, une petite fille a été « invitée » à s’assoir sur les genoux d’un adulte pour faire plaisir alors qu’elle ne le sentait pas. Ou bien l’enfant a été touché.e d’une façon inadaptée ou à un moment inopportun ou par une personne sans son plein consentement ; il/elle a alors trouvé comme parade, croyant moins en souffrir, de laisser son corps à disposition en faisant taire ses ressentis, en s’anesthésiant. Une voie toute tracée pour se croire frigide bien des années plus tard.

Le plaisir ça se travaille !

Il s’agit d’apprendre à revenir à l’orgasme, à la sensation pure et mouvante, dénuée de mes jugements, critiques, comparaisons, identifications, volonté d’avoir prise sur ou de changer, culpabilité, analyse sur le moment. Tout ça sort de la sensation elle-même… et nuit à l’orgasme.

Bref ! Pour accéder à plus de plaisir, d’abord apprendre à arrêter de le chercher et observer simplement ce qui est, s’ouvrir à la gratitude de l’instant présent, apprendre à jouir de la vie qui circule, apprendre à res-pi-rer vraiment, laisser circuler en soi et au-delà (ne rien vouloir retenir), accueillir et laisser la place à l’imprévu, laisser se déployer la magie, s’émerveiller…
Le plaisir est aussi en lien avec la confiance, et le contrôle le contrecarre.

S’ouvrir au plaisir… et il est partout, à chaque instant !

Intéressant de constater combien les traductions sensorielles sont diverses, pour les différentes personnes et aussi pour la même personne selon le moment : une même sensation de base peut être traduite comme agréable ou désagréable.

La proposition : accueillir cela … et sortir de la binarité :

Ressentir du désir, c’est orgasmique.

Pleurer, rire, éternuer, faire un focus sur une zone du corps, contempler … c’est orgasmique.Vivre une émotion, l’accompagner dans son cycle, c’est orgasmique.

Être dans sa vie, c’est orgasmique, quelque soit sa vie et les jugements que l’on porte : être dans sa vie, c’est la vivre et donc être en lien avec son corps.

Là où l’orgasme s’amoindrit, c’est en cas de dissociation.

Et le plaisir ? Il peut être de deux natures fondamentales :

– plaisir égotique (contraction ; action ; attente d’un résultat ; satisfaction de l’orgueil, même si c’est en croyant être utile à l’autre, bon avec/pour l’autre ; recherche de toujours plus et mieux… et donc ramenant à l’insatisfaction de base et aux névroses, blessures, manques…)

– plaisir de l’être voire extase (expansion, dilatation, dissolution des limites ; se positionner dans ses centres alignés ; sentir le lien cœur-sexe ; laisser la place, se laisser vivre l’instant, se laisser traverser, sans volonté, sans rien retenir ; aucune attente de résultat ; se placer dans le cœur, respirer dans chaque cellule, lâcher prise…)

Et c’est souvent quand j’accueille pleinement mes plaisirs égotiques pour ce qu’ils sont (issus aussi de la psyché, du mental-menteur, du désir compulsif…) qu’ils prennent une valeur d’ouverture, avec réconciliation de mes parts humaines.

Et le plaisir égotique a aussi l’avantage de me ramener à l’action : si je reste en extase, je suis et je n’ai besoin de rien d’autre. Mais est-ce que je vis vraiment ma vie d’humain.e ? Est-ce que je suis ma voie sur cette Terre ?

L’extase ?

C’est l’évidence perçue dans chaque cellule de mon corps, du lien cosmique à plus grand que moi (comme on la voit sur les gravures des saintes et saints, par exemple).

Et la jouissance ?

C’est la faculté de vivre le plaisir.

Car le plaisir peut, selon l’état psychique et émotionnel, n’est pas toujours accepté.

Tous les cas de figure existent, et certaines personnes ont des circuits du plaisir naturellement en place, mais culpabilisent ou nourrissent de la honte lorsqu’il se présente. Dans ce cas, il s’agit d’apprendre à jouir : accepter les sensations traduites en plaisir, les accueillir dans l’ouverture corps-cœur-esprit.

L’orgaste ?

C’est tous les mouvements involontaires du corps, non pas mécaniques, mais bien comme des courants qui passent et initient un mouvement : tremblement, éternuement, sursaut, tressaillement, larme, écoulement ou expulsion naturels, rot, pet, bâillement, rire…

Il n’y a pas forcément de plaisir associé à l’orgaste.

L’orgasme peut y être, en fonction de mon attention portée. Il s’agit d’utiliser l’attention comme curseur de sensation : plus j’observe, dans la détente, plus la sensation est accueillie et peut se déployer, je peux observer les variations (de subtiles à intenses) et m’émerveiller de tout ce qui se vit en moi…

Une parenthèse concernant les sensations traduites comme douloureuses : ça vaut le coup d’utiliser aussi ces techniques. Car une douleur, comme une émotion, est un message, qui s’intensifie (ou se déplace) si je la néglige, la nie, refuse de l’écouter, la refuse carrément… Ou cela peut aussi mener à souhaiter la dissociation, alors que la douleur a probablement un message important à délivrer.

Par elles-mêmes, les sensations ne sont jamais douloureuses ; c’est ma psyché qui décide d’y mettre cette teinte, inexistante à la base, à la source. Ma psyché mue beaucoup par les peurs.

L’éjaculation, c’est de l’orgaste.

Bien souvent, c’est au moment du climax, et bien souvent il y a aussi plaisir, orgasme, jouissance, voire satisfaction… mais pas toujours, loin de là, et c’est tout à fait normal : tout ça, c’est différent.

Il peut aussi y avoir injaculation ou retro-éjaculation (que l’on soit homme ou femme, d’ailleurs : les femmes sont toutes – ou presque – susceptibles de fontainiser… mais ça c’est un autre sujet).

Il peut aussi y avoir orgaste sans éjaculation.

Il peut aussi y avoir orgasme sans éjaculation.

Il peut aussi y avoir jouissance sans éjaculation.

Il peut aussi y avoir satisfaction sans éjaculation.

Il peut y avoir éjaculation de contraction, d’excitation, d’expulsion émotionnelle, de libération psychique, de libération énergétique, de prise de pouvoir sur l’autre, d’ensemencement d’amour, d’ensemencement de délires psychiques …

Le climax ?

C’est la période après le passage du point de non-retour. Lié à l’orgasme de contraction, il mène à l’éjaculation ou à l’injaculation ou rétro-éjaculation si une technique est utilisée (réaspiration du sperme dans les gonades, aspiration d’une partie dans la vessie). L’anéjaculation existe aussi : incapacité à éjaculer (souvent un blocage psychique).

En général, l’éjaculation masculine est une fin (un but) à l’acte amoureux et signe la fin de la partie (énorme perte d’énergie). Tout cela peut changer, si l’homme en a le désir et cherche à être initié.

Pour autant, il n’y a pas de lien entre l’éjaculation et la libération énergétique … et je suis agacée par les mensonges de certain.e.s qui prétendent que la libération en massage tantrique, c’est l’éjaculation. Comme si une masturbation excitatoire en fin de massage dit « tantrique » pouvait réellement libérer quoique ce soit d’autre que des tensions égotiques (et du coup continuer de nourrir un circuit qui ne mène qu’à reproduire l’ancien, le connu et valider des croyances erronées). C’est au contraire une prise de pouvoir supplémentaire sur l’autre, avec ou par la demande de son ego asservi aux habitudes et aux plaisirs faciles.

Parfois, l’éjaculation peut effectivement arriver en état d’orgasme ou même en état d’extase. Et là ce peut être une libération aussi, mais il ne s’agit pas d’un lien de cause à effet : c’est simplement ce qui se manifeste à cet instant.

Un homme n’est pas tantrique parce qu’il n’éjacule pas ; un homme peut vivre un pur moment de connexion tantrique et éjaculer, simultanément ou pas. Relax.

Le corps ne ment jamais.

Le plus gros « travail » (cette fois-ci l’étymologie du mot me gène moins : c’est vraiment du boulot et parfois douloureux si je résiste, refuse, bloque, juge, suggère que je suis incapable ou limité.e par le temps, si je n’ose pas, ne m’autorise pas, ne m’estime pas digne de toute cette attention…)

… le plus gros travail donc, dans la vie terrestre, c’est peut-être la reliance au corps, l’attention portée à l’instant présent grâce à sa médiation et à son expertise, sa capacité à recevoir et son enseignement.

Il s’agit au départ de mettre mon mental au service de mon être, en l’envoyant à l’affût des indications à me communiquer. Et prendre soin de sa posture (intérieure et physique), et respirer dans la gratitude, la joie de vivre …

De l’importance de la respiration

Et j’ajoute ici quelques phrases sur la clé fondamentale que sont les techniques respiratoires.
En effet, plaisir et respiration sont très liés… et on peut s’en rendre compte dans le contexte de la relation sexuelle.

Lors des pratiques tantriques, on applique plutôt une respiration longue, circulaire, qui propose à l’énergie sexuelle de se diffuser dans tout le corps et dans la relation. Alors que souvent il y aurait plutôt halètement, respiration courte et saccadée.
Cela dépend de ce qui est recherché : orgasme de contraction ou d’expansion ? orgasme de la vallée ou de la montagne ?
Et si l’orgasme n’est pas un but, à la bonne heure : c’est qu’on rentre dans la dimension du Tantra, de la Relation, de l’Amour, de la Conscience… plutôt que de la compulsion animale.
Le/la partenaire n’est alors plus le récepteur/la réceptrice des tensions de l’autre ; peuvent se rencontrer deux êtres divins dans le Sacré de la Relation. Et faire l’amour devient une méditation, une prière, une célébration, un rituel…

Tout plein de plaisirs chaque jour !

Namasté

Nelly

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